mardi 8 février 2011

samedi 5 février 2011

Ophelia








Cela faisait déjà plusieurs jours qu’elle le trouvait changé. Elle sentait que son cerveau était mou. Allongée dans son lit, enveloppée dans sa couverture elle essayait de sentir la chaleur qui s’en dégageait. Mais ça ne marchait pas. Sa cervelle atrophiée transmettait de moins en moins d’informations. Ses sens étaient gelés.

Elle pouvait encore piocher, non sans effort, quelques souvenirs, mais les sensations ne suivaient pas. Obnubilée par son état elle ne pensait plus qu’à imaginer celui de l’intérieur de sa tête. Verdâtre, marronnasse, la pourriture atteignait son organisme. Elle avait en esprit un assaut microbien vu au microscope. Cela lui sembla des heures, des heures de globules colorés inondés de formes rondes s’auto accroissant et se livrant à une bataille sans espoir. Jaune, bleu, marron, violet, jaune, bleu, marron, violet. Tout se mélangeait. Une cellule ovale se tordait, se rétractait, jusqu’à une scission complète. Celle-ci était engloutie par d’autres plus grosses qui lévitaient tout autour d’elle. Le combat était acharné. Les belligérants se phagocytaient, changeant alors de couleur comme d’innombrables caméléons. Jusqu’au noir, plus rien.

Mais non, non, non, faute de ressentir il fallait qu’elle pense ! Elle remarqua qu’elle n’arrivait plus à bouger ses doigts, du moins elle ne les sentait plus bouger car ses paupières étaient scellées et elles le restaient. Même si celles-ci avaient été ouvertes, aurait-elle pu lever son bras afin de pouvoir voir sa main qui pendait à son extrémité ? Sous la chair close ses yeux s’affolaient comme s’ils pouvaient y trouver une sortie. Ses pieds eux aussi n’avaient pas l’air de répondre à ses appels mentaux, bougeaient-ils ? Etait-elle paralysée ? Elle se posait la question. La voilà dans le noir, sans idée de son corps, elle était devenue esprit perdu. Le temps passait mais à quelle vitesse ? Faisait-il nuit ? Elle l’espérait. Sa dernière fonction, la pensée, était focalisée sur ses pupilles. Elles étaient liées au temps, elles auraient pu voir les heures passer à travers la fenêtre. Elles auraient pu, mais non…rien, rien, rien ! La rage intérieure. Les larmes venaient ou pas ? Est-ce qu’elles étaient venues ou n’était arrivée que l’idée de pleurer ? Pas de sensation dans le visage, mais celui-ci se tordait. Elle l’espérait. Elle ne le savait pas mais elle l’imaginait dans un effort pour rester ancré au monde réel. C’était une lutte, le rouge vif infesté par les autres couleurs la représentait. Les couleurs…les couleurs…rouge…noir…

Une cheminée, les mariages, c’est flou. Elle ne savait plus. Pourquoi ce souvenir ? Mais la réminiscence la soulage. Difficilement son processeur interne accouchait des kilo-octets de l’image à mesure des questions : chez qui ? Comment ? Et pourquoi, pourquoi ? Encadrer cela devait être important dans la famille et cette odeur si faible. Alors elle reniflait ce souvenir. Elle essayait de distinguer ce que cela pouvait être. Un chemin se faisait mais il s’effaçait de lui-même et bientôt elle avait oublié.

Dans le noir des points lumineux s’affolaient, formant de nouvelles constellations à chaque mouvement de la cornée. Des figures géométriques aux traits colorés s’emboîtaient, tournaient, se superposaient. Bleu, rouge, jaune, violet, bleu, rouge, jaune, violet. Elle se laissait emporter par ses visions. Effacé l’affrontement, plus rien ne comptait. Plus de corps, plus rien. Juste les halos irréels. Jeu de triangles et polygones s’entrecroisant, se transformant, s’évanouissant subitement pour laisser la place à d’autres. Le dernier bastion de l’esprit reprenait son insupportable pugilat. Elle avait peur, peur de tomber. Rien n’avait d’intérêt, la contemplation non plus, mais elle était seule existante.

Seule, seule, elle n’était plus seule. Autour d’elle ses proches s’attroupaient pour la regarder, allongée, inerte revêtue de sa plus belle robe. Certains pleuraient de son inactivité physique. D’autres plus calmes regardaient de loin, adossés au mur de la pièce. On l’avait maquillée pour l’occasion et l’assemblée l’avait délicatement entourée de bouquets de fleurs colorées éparpiller ça et la sur la table. Son amant pris sa main dans les siennes, la serra et y déposa son dernier baiser. Il replaça cette main qui n’était plus celle qu’il avait connu auparavant le plus délicatement possible sur sa poitrine et s’en allas vers l’assemblée qui c’était assise au son grondant de l’orgue qui marquais le début de la cérémonie.

Son corps qu’on avait arrêter de nourrir était devenu froid, mais pour elle rien n’avait changer, les couleurs vacillaient, un feu d’artifice dans sa tête se jouait encore d’elle. Son cerveau avait gagné son combat contre la conscience qui n’était plus. Il maîtrisait l’imagination faisant jaillir toutes ces formes. L’état de ses fibres qu’il avait lui-même mis à mal pour leurrer l’âme sa voisine et prendre le contrôle était au plus mal. Il c’était efforcer de bloquer tout stimulis sensorielle ou de douleurs. Se créant une images visqueuse de plus en plus abstraite pour évincer l’âme et faire de son corps son territoire. Ne plus se laisser faire par les émotions être le seul maître à bord. Mais les informations qu’il ne retransmettait plus s’accumulaient. Chaque muscle endoloris, chaque muqueuses déshydratées, chaque organes amoindris inondait le cerveau major d’une logorrhée de signaux de détresse. Ce corps bleuis de son passage en morgue réclamait la vie qu’on lui avait ôté et qui risquait de rester éternellement sur le bas côté. Le message devait être entendus. Le corps lui sans conscience agissait par réflexe. Chaque cellule criait. Le cerveau qui les ignorait alors commençait à prendre en compte les signaux de sensations, il analysa le fait que l’oreille interne lui envoyait l’information d’un balancement. Le chef le pris en compte, sans pour autant renvoyer aucun ordre au corps il se mit à réfléchir, ce qu’il avait toujours fait contraint et forcé, rechignant à la tache préférant évoluer dans ses rêveries. Mais la, la, il sentit une urgence, en commençant une réflexion il avait lâcher sa garde et une émotion resurgit ! Il avait maintenant peur ! Il comprenait que son règne tant attendu n’était pas possible sans le corps, que pour cette cause mieux valait que l’âme le domine car il allait vraiment pourrir. Devenir verdâtre, marrônatre partir dans les premiers, être manger par les vers et personne ne saurais rien de son putsch historique de ses feu d’artifices, de ses œuvre géométrique. Personne ne serait jamais rien. Il fallait réagir.

Alors elle ouvras les yeux et découvrit avec bonheur qu’il faisait nuit. Elle entendis des bruit de pas qui résonnait. Quel mal de tête à quel mal de tête elle avait ! Mais elle ne pouvait plus bouger son corps trop endolorie dans son dernier combat ne répondait plus. Elle sentit cette odeur de terre et pris peur. Son cerveau avait perdu en vain il avait lutter contre ce qui le dominait. Son combat l’avait mené à sa pertes.